IOGA, start-up alumni du programme EdJobTech, a pour ambition de révolutionner le partage des connaissances grâce à la vidéo intelligente. Alban Peleszko, son cofondateur, et Alice Riou, chercheur et professeur de marketing à emlyon, se sont rencontrés lors d’un meet-up organisé par l’accélérateur visant à confronter les offres des start-up à des clients et utilisateurs potentiels.
Dans cette interview, ils reviennent sur l’expérimentation pédagogique menée avec la solution IOGA auprès des étudiants d’emlyon business school.
__________
Quel est le projet de IOGA et comment votre rencontre a-t-elle débouché sur la création d’une expérimentation à emlyon ?
Alban Peleszko : Nous avons fait le constat initial qu’il existe un besoin de formation tout au long de la vie et qu’il y a du savoir en entreprise. La problématique à laquelle nous répondons est “comment fait-on pour capter du savoir en entreprise auprès des collaborateurs et pour le diffuser en interne ?”. Nous n’avions pas du tout le prisme de l’enseignement supérieur.
Alice Riou : On s’est rencontrés à une session de pitchs des startups aux professeurs d’emlyon, organisée par l’accélérateur et le programme EdJobTech.
J’y ai participé notamment par intérêt académique : je rédige une thèse de doctorat sur la disruption des écoles de commerce par les EdTech. C’est en discutant qu’on s’est aperçus que IOGA pourrait explorer un nouveau marché, celui de l’enseignement supérieur.
Je me suis alors proposée pour faire des expérimentations successives de cette EdTech dans 3 programmes (Mastère Spécialisé ®, Programme Grande École et une formation entreprise sur-mesure).
AP : L’objectif initial de IOGA était de faciliter le transfert de connaissances en entreprise.
La collaboration avec emlyon nous a permis d’identifier un autre cas d’usage, celui des écoles, où on utilise la solution pour capitaliser sur la connaissance des étudiants sur leur projet de fin d’études. Chaque étudiant répond à une série de questions pour s’entraîner à l’oral et on constitue une bibliothèque de savoirs qui peut être utilisée d’une année sur l’autre, pour capitaliser sur ces connaissances.
Ces 3 expérimentations nous ont permis d’ouvrir à un marché potentiel pour IOGA et de tester l’offre qu’on pourrait proposer pour ce marché.
En quoi consistaient les expérimentations développées au sein des programmes d’emlyon ?
AR : La première expérimentation consistait à demander aux participants, après la rédaction de leur mémoire, de répondre à des questions face caméra pour le présenter sous format vidéo.
La seconde a amené les étudiants d’un cours dont j’étais la responsable, à répondre, au titre de leur examen final, à des questions de cours face caméra en refaisant leur réponse autant de fois que nécessaire et avec l’aide de toutes les ressources qu’ils jugeaient nécessaires (relecture du cours, recherches Internet…).
Que vous a apporté cette expérimentation ?
AP : D’abord l’ouverture à un marché potentiel intéressant, celui de l’enseignement.
Nous avons bénéficié d’un terrain d’expérimentation avec un volume d’étudiants intéressant, pu tester différents cas d’usages, avec plusieurs paramètres et variables pour tester différentes dimensions de l’offre.
Ce qui a été très enrichissant pour nous, c’est d’avoir un retour pédagogique du corps enseignant, des témoignages et un accès aux coulisses grâce à Alice. Avec nos clients, on a rarement ce niveau de débrief sur différents cas d’usages, avec transparence.
AR : J’aimerais beaucoup reconduire la seconde expérimentation, qui m’a permis d’obtenir un niveau de réponse de cours bien plus intéressant que ce que j’obtiens traditionnellement à l’écrit. L’examen oral a conduit à des réponses plus riches, faisant davantage appel à la synthèse des étudiants que les examens sous forme écrite.
En interne, cette nouvelle modalité pédagogique crée de la curiosité et contribue à l’échange et l’émulation entre professeurs.
Plus globalement, cela nous apprend aussi en tant qu’établissement d’enseignement supérieur les meilleures modalités et les questionnements par lesquels il faut passer pour implémenter des innovations pédagogiques, pourquoi pas avec de futures EdTech.
Concernant les étudiants/participants, un sondage a montré que 93% d’entre eux ont apprécié être associés à une expérimentation pédagogique et 91% ont trouvé la solution IOGA utile ou très utile.
IOGA a ainsi validé l’existence d’un second marché, également grâce aux utilisateurs finaux.
Comment s’est déroulée votre collaboration ?
AP : On a mis en place l’expérimentation de manière itérative. On a d’abord présenté la solution, un cas d’usage a été déterminé, on a fait une expérimentation avec 10 étudiants, puis 35, puis 60… Tout s’est fait de manière informelle et très orientée exécution.
AR : C’était très agréable, ce qui n’est pas acquis car on prend mutuellement des risques : IOGA en essayant quelque chose qui n’était pas prévu dans son business plan et moi en exposant potentiellement des étudiants à un format pédagogique qui ne fonctionne pas. Mais l’École et l’accélérateur nous ont laissé une grande liberté.
Que vous a apporté l’accélérateur ?
AP : Il a joué un rôle de catalyseur, nous a présenté des acteurs de l’écosystème, a provoqué des rencontres. Ce qui est important, c’est que les deux parties trouvent une volonté et un intérêt mutuels à travailler ensemble.
AR : Oui, comme dans un catalyseur, l’alchimie et la liberté sont nécessaires pour que les éléments se rencontrent. Entre IOGA et emlyon, il y avait une adéquation entre leur produit et notre segment. Avec les fondateurs, je partage aussi des problématiques et une forme d’humilité qu’ont les entrepreneurs car j’ai une entreprise en parallèle de mon activité de professeur.
Le cadre de la Grande École offert par l’accélérateur a été très rassurant. Si j’avais rencontré Alban dans le TGV, je n’aurais pas forcément accepté de travailler avec lui ! C’est un plus pour une EdTech d’être dans une école car c’est un gage de sérieux qui limite le risque pris.
AP : L’accélérateur fournit un cadre bienveillant pour qu’une startup puisse continuer à apprendre, avec un terrain de jeu donné et des professeurs qui peuvent aider ou faire avancer nos sujets.
Quelles perspectives a ouvert l’expérimentation pour IOGA ?
AP : On continue à explorer le marché de l’enseignement en répondant à des appels d’offres ou en rencontrant d’autres acteurs.
Sans cette expérimentation, on ne serait pas du tout allé sur ce marché, c’est donc déjà une belle réussite d’avoir potentiellement un marché complémentaire du premier marché de IOGA adressable qui était le transfert de connaissances.
Cela s’inscrit tout à fait dans notre logique de vouloir hybrider l’éducation et l’apprentissage et d’arrêter la dichotomie entre le monde des entreprises et celui de l’éducation.
AR : Après cette expérimentation, la solution est maintenant déployée sur 2 masters.
—————–
Merci à Alice Riou et à Alban Peleszko pour cette interview.
>> La 4e session du programme d’accélération EdJobTech, dédié aux start-up de l’éducation et des RH, démarrera prochainement. Candidatez pour faire partie de la prochaine promotion !